Avec près de 2 millions de personnes dépendantes en France, les enjeux économiques et sociétaux liés à la perte d’autonomie sont colossaux. L’innovation technologique semble en mesure d’ouvrir de nouvelles perspectives notamment pour les personnes dépendantes et à leurs aidants.
L’essor de la gérontechnologie
D’après le gériatre Alain Franco, la gérontechnologie est née de la rencontre des problématiques de la dépendance (médicales, physiologiques, psychologiques et sociologiques) et des avancées scientifiques en termes de robotique, de communication et de domotique (entre autres).
Dès le milieu des années 1990, les professionnels de la santé et leurs pairs se sont interrogés sur le recours à la technologie dans le cadre de la dépendance. De ces considérations est née en 2007 la Société Française des Technologies pour l’Autonomie et la Gérontotechnologie.
Plusieurs sociétés françaises sont engagées dans la course à l’innovation pour relever le défi sociétal de la dépendance. En effet, dans les pays à fort coût de main d’œuvre et à la population vieillissante, il n’est pas envisageable de mobiliser plusieurs aidants à temps plein par personne dépendante. Aussi l’évolution technologique devrait permettre une entrée plus sereine dans le grand âge. Les sociétés de conseil en ingénierie fournissent d’ailleurs un accompagnement sur-mesure aux cellules de R&D sur des projets d’envergure, permettant de faire émerger des projets qui pourraient pourtant sembler futuristes.
Une surveillance intelligente
Il existe de nombreux dispositifs connectés destinés aux personnes en perte d’autonomie.
Parmi eux, les services de télé-assistance permettent une communication permanente des bénéficiaires avec des centrales dédiées : des bracelets ou médaillons intelligents donnent immédiatement l’alerte en cas de chute ou de malaise.
Les systèmes de vidéo-vigilance détectent ces accidents grâce à des caméras et des logiciels d’analyse comportementale. Présents depuis 2012 dans les établissements spécialisés, ils sont disponibles pour les particuliers depuis 2013.
La domotique au service de la dépendance
Certains équipements domotiques permettent un maintien à domicile confortable et sécuritaire. Par exemple :
- Des chemins lumineux activés par des détecteurs placés au pied du lit afin d’éviter les chutes nocturnes,
- Des systèmes de fermeture automatique des conduites d’eau et de gaz, actionnés par un seul et unique interrupteur,
- Des détecteurs de passage permettant l’ouverture automatique des portes et l’éclairage des lumières,
- La centralisation du verrouillage des portes et de la fermeture des volets.
Le Smart Carpet, mis au point par les chercheurs de l’Université de Manchester en 2012 compte parmi les innovations notables. Cette moquette composée de fibres optiques et de capteurs permet la détection de chutes ou de mouvements anormaux. A noter qu’aucun projet de mise sur le marché n’a été annoncé pour le moment.
Les progrès de la robotique
Les systèmes robotiques offrent également des solutions performantes.
L’Union Européenne a ainsi financé le développement du robot GiraffPlus, dédié à la surveillance du quotidien et de l’état de santé des personnes âgées. Une phase expérimentale est lancée cette fin 2014 auprès de 15 foyers en Europe.
Alderaban Robotics, créateur du robot Nao en 2006, vient d’annoncer l’apparition de son robot humanoïde Roméo. Véritable assistant personnel, il pourrait intégrer certains établissements d’ici 2017 avant une commercialisation auprès des particuliers.
Le robot Buddy imaginé par Blue Frog Robotics sera quant à lui capable de surveiller le comportement des enfants comme des personnes âgées. Il pourra aussi donner l’alerte en cas de fuite d’eau ou de gaz, ou encore d’intrusion.
Ces nouveaux « compagnons » peuvent tous être pilotés à distance et permettre aux aidants, proches ou thérapeutes, de communiquer avec l’usager.